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LE CHEVAL DANS LES TRADITIONS DE FIN D’ANNÉE : TOUT UN SYMBOLE !
Chaque année, Equita Lyon, le Salon du Cheval de Lyon, met à l’honneur les traditions équestres de France et d’ailleurs. Hôte des Académies équestres européennes sur la Carrière internationale, initiateur de la parade des races qui, deux fois par jour, présente près de 30 races venues du monde entier, ou encore créateur des Cabarets équestres qui célèbrent le lien si particulier qui unit l’homme et le cheval depuis des millénaires, Equita Lyon est bien LE rendez-vous de toutes les traditions, depuis plus de 30 ans. Les fêtes de fin d’année occupent, dans de nombreuses sociétés humaines, une place singulière dans le calendrier rituel. Au cœur de l’hiver dans l’hémisphère Nord, elles correspondent à un temps de transition. Qu’elles relèvent du solstice d’hiver ou du calendrier chrétien à l’occasion de Noël, ces périodes se caractérisent par une forte densité symbolique. Le cheval y apparaît de manière récurrente. A l’occasion des fêtes de fin d’année, nous nous sommes intéressés aux plus surprenantes de ces traditions. Quand le cheval se fait symbole de clôture du cycle annuel et du renouveau de l’année à venir.
Du repos des braves
Dans l’Europe rurale d’avant le XIXe siècle, en Hongrie ou en Allemagne entre autres, les fêtes de Noël donnaient lieu à des pratiques spécifiques à l’égard des chevaux : bénédictions hivernales autour de Noël ou de l’Epiphanie, rations alimentaires particulières avec notamment du pain béni, il n’était pas rare également de dispenser les chevaux de tout travail durant les jours saints. Ces pratiques relèvent d’une logique de réciprocité : préserver l’animal garantissait la prospérité du foyer et de la communauté pour l’année à venir. Le cheval n’était pas seulement un outil de travail, mais un capital vital et symbolique, intimement lié à la survie collective.
Dans les Balkans et en Europe de l’Est, les célébrations hivernales mettent encore les chevaux à l’honneur. Dans certaines régions rurales, des processions de fin d’année intègrent des chevaux richement harnachés, dont les crinières sont tressées et ornées de rubans rouges, couleur associée à la protection, à la vitalité et à la chance. Les chevaux reçoivent alors une ration spécifique marquant le passage saisonnier. Ces pratiques témoignent d’une relation ancienne et respectueuse entre les communautés humaines et le cheval, perçu comme garant de l’équilibre et de la prospérité à venir.
En France, en Camargue, le cheval occupe une place singulière dans cet imaginaire hivernal. Bien que le cheval soit surtout mis en lumière lors des fêtes printanières et estivales, l’hiver demeure traditionnellement un temps de repli, de surveillance et de soin, tant pour les hommes que pour les troupeaux. Élevé en semi-liberté, le cheval camarguais incarne une forme de permanence face aux éléments : froid, vent et humidité des marais. Cette endurance silencieuse renforce sa dimension symbolique, en résonance avec les thématiques hivernales de patience, de continuité et de maîtrise du temps long. Dans les représentations religieuses liées à Noël et à l’Épiphanie, le monde pastoral demeure central. Compagnon du gardian, il participe à une vision du territoire où l’équilibre entre l’homme et la nature se maintient malgré la rigueur saisonnière.
Plus surprenant !
Le cheval, bien que peu présent dans les récits évangéliques, conserve une place symbolique importante en Europe. Les processions de l’Épiphanie, notamment en Espagne, mettent fréquemment en scène les Rois mages à cheval. Celui-ci devient alors le vecteur du voyage sacré, de la transmission du savoir et de la reconnaissance du divin.
Mais parmi les traditions européennes les plus remarquables associées à la symbolique équine à la période de Noël figure la Mari Lwyd, au pays de Galles. Pratiquée entre Noël et le Jour de l’an, elle met en scène un crâne de cheval monté sur un bâton et recouvert d’un drap blanc, porté de maison en maison. À travers des joutes chantées opposant les porteurs de Mari Lwyd aux habitants, le rituel introduit un désordre temporaire au sein de l’ordre social. Figure symbolique par excellence, à la frontière du vivant et du mort, de l’humain et de l’animal, Mari Lwyd est souvent interprétée comme une survivance de cultes préchrétiens liés au solstice d’hiver, associée à la fertilité, à l’abondance et au renouveau.
À l’opposé de cette figure rituelle macabre, le cheval de Dala suédois illustre une autre forme de symbolique hivernale. Originaire de la région de Dalécarlie, ce petit cheval en bois, peint en rouge-orangé, est attesté dès le XVIIᵉ siècle. Sculpté durant l’hiver par les bûcherons, période de ralentissement des activités agricoles, il était initialement un jouet ou un cadeau. À partir du XIXᵉ siècle, il devient un emblème national et un symbole central des fêtes de Noël. Sa couleur est associée à la protection et à la vitalité, tandis que ses motifs peints évoquent la croissance et l’abondance à venir. Objet artisanal devenu artefact patrimonial, le cheval de Dala incarne la continuité culturelle au cœur de l’hiver.
Dans les Andes et les régions rurales d’Amérique du Sud, les fêtes de Noël et du Nouvel An associent traditions chrétiennes et héritages indigènes. Le cheval apparaît dans les processions, danses et fêtes rurales, incarnant tour à tour le pouvoir, le voyage et l’identité culturelle du gaucho ou du huaso. En Amérique centrale, le Tope de San José au Costa Rica constitue un exemple remarquable d’intégration du cheval aux fêtes de fin d’année. Organisée chaque année le 26 décembre, cette grande parade équestre transforme la capitale en un espace festif entièrement dédié au cheval. Les principales avenues, du Paseo Colón à l’Avenida 2, sont investies par plusieurs milliers de cavaliers. Les chevaux, richement parés, défilent pendant plusieurs heures au rythme des musiques populaires, tandis que démonstrations de maniement du lasso et performances équestres ponctuent la procession. Événement majeur du calendrier costaricien, le Tope est un incontournable de la période des fêtes, aux côtés du festival des lumières, et témoigne de la vitalité contemporaine des traditions équestres urbaines.
Qu’il soit compagnon pastoral, figure masquée, emblème patrimonial ou acteur des grandes parades, le cheval accompagne les sociétés humaines dans leur rapport au temps cyclique, à l’hiver et à la promesse de la lumière retrouvée. En France, à Chantilly, le Musée du Cheval qu’Equita Lyon avait accueilli en 2016, propose chaque année un spectacle équestre spécialement conçu sur le thème de Noël, illustrant la continuité des traditions vivantes et leur adaptation contemporaine au contexte culturel et touristique.
Très bonnes fêtes de fin d’année à tous !